Soljenitsyne : les 40 ans du discours de Harvard

Dernière modification le 08/11/2018

Alexandre Soljenitsyne est resté célèbre pour son ouvrage L’Archipel du goulag. Il est moins connu pour son discours devant les étudiants de Harvard, prononcé il y a 40 ans, en 1978. À l’occasion du centenaire de sa naissance, l’ancien ministre Hervé Mariton incarnera l’écrivain lors d’un spectacle, avant un concert de mélodies russes de la soprano Karina Desbordes.
 

En 1978, Alexandre Soljenitsyne vit aux États-Unis. Le dissident russe a publié cinq années plus tôt L’Archipel du goulag, un livre-enquête sur les victimes du goulag et du communisme soviétique, dont le retentissement est planétaire. Lorsqu’il se présente, le 8 juin, devant les étudiants de l’université de Harvard, ceux-ci s’attendent à écouter un réquisitoire contre le bloc communiste et son idéologie. Pourtant, l’écrivain, prix Nobel de littérature 1970, prend à revers son auditoire. « Si je pouvais proposer l’Ouest, en son état actuel, comme modèle pour mon pays [la Russie], il me faudrait en toute honnêteté répondre non. Non, je ne prendrais pas votre société comme modèle pour la transformation de la nôtre », affirme-t-il. L’homme, alors âgé de 59 ans, dénonce la chute spirituelle de l’Occident, dont il déplore la « débilité ». Il renvoie dos à dos les deux modèles en se désolant du manque de « vie intérieure » : « À l’Est, c’est la foire du Parti qui la foule à pieds, à l’Ouest, la foire du commerce », résume-t-il.

Théâtre et soprano

Ce texte, resté célèbre sous le nom de Déclin du courage, a fait l’objet d’une adaptation au théâtre, à l’occasion du centenaire de la naissance de Soljenitsyne. La mise en scène de Grégoire Lopoukhine se veut minimaliste : une table et une chaise, des livres, des archives et journaux soviétiques en guise de décor. Seul en scène, Hervé Mariton joue Soljenitsyne. L’ancien ministre déclamera le discours au conservatoire lors d’une « soirée russe » organisée par la Ville, en partenariat avec le Comité pour le centenaire de Soljenitsyne. En deuxième partie, la soprano Karina Desbordes reprendra un répertoire russe, avec Sylvie Lechevalier au piano et Benoît Labourdette pour des créations visuelles en direct. Au programme : des mélodies de Rimski-Korsakov, Tchaikovsky et de Modeste Moussorgski. L’auteur de L’Archipel du goulag sera aussi le sujet d’une conférence intitulée Soljenitsyne dans la mémoire russe, le 8 décembre (10 h 30) à la médiathèque Anne Fontaine. Celle-ci sera animée par Luba Jurgenson, maître de conférences en littérature russe.